Automne malade et adoré
Tu mourras quand l’ouragan soufflera dans les roseraies
Quand il aura neigé
Dans les vergers
Pauvre automne
Meurs en blancheur et en richesse
De neige et de fruits mûrs
Au fond du ciel
Des éperviers planent
Sur les nixes nicettes aux cheveux verts et naines
Qui n’ont jamais aimé
Aux lisières lointaines
Les cerfs ont bramé
Et que j’aime ô saison que j’aime tes rumeurs
Les fruits tombant sans qu’on les cueille
Le vent et la forêt qui pleurent
Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille
Les feuilles
Qu’on foule
Un train
Qui roule
La vie
S’écoule
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
C'est sans doute bien de préciser ...
- Ces « nixes », être difformes et laids venus d'on ne sait quel monde inquiétant et qui symbolisent la femme incapable d'amour mais qu'on ne peut s'empêcher d'aimer. Il y a toute la nostalgie du monde dans ce vers régulier : il est urgent d'aimer car l'automne laisse déjà place à l'hiver. Les « nixes nicettes qui n'ont jamais aimé » sont le symbole du désespoir amoureux.
Selon Édouard Brasey, les nix mâles se présentent sous la forme de vieux hommes avec une longue barbe, des dents vertes et un chapeau de la même couleur, et les nymphes comme de belles jeunes femmes aux longs cheveux blonds4.
Les nixes seraient généralement perfides, aimant la danse et la musique, elles vivent dans les eaux stagnantes et noieraient les hommes en les attirant dans les mares4. Certaines d’entre elles sont réputées pousser les voyageurs au bord des précipices. Les nixes sont considérées comme malignes dans certains milieux, mais aussi inoffensives et sympathiques dans d'autres. Grâce au pouvoir bénéfique de leurs larmes, un bain dans l’étang d’une nixe à l'équinoxe de printemps apporte beauté et éternelle jeunesse[réf. nécessaire].