Paroles, paroles … Des mots, des mots, encore des mots !
Alors quel risque, je vais prendre ici ?
Renée, n'aime guère quand je fais "la prof"; je sais mais là c'est trop fort pou rmoi, de ne pas m'arrêter sur ces nouveaux programmes !
Pauvres profs de Collège, c'est à mourir de rire pour ne pas pleurer ...
Pour celles et ceux qui veulent bien connaître le fond de l'histoire, il suffit de lire au moins les phrases alambiquées en gras dans le texte et de réaliser à quels points les hauts fonctionnaires sont tarés !
Comment La Ministre de l’Education Nationale peut-elle valider de tels propos dignes de Diafoirus ?
Personnage de la pièce de Molière, « le malade imaginaire », Diafoirus est le prototype de ces médecins que brocarde l’auteur : des incompétents qui cachent sous un jargon incompréhensible une abyssale ignorance.
Réunion du comité d'élaboration des programmes ! Diafoirus en puissance !
Ces propos, offerts aux professeurs de Collège, dans le cadre d’une réforme de plus (c’est que pendant ma carrière j’en ai vu passer des réformes !) qu’il va falloir essayer de digérer pour la mettre en place.
A pleurer de rire, pour ne pas pleurer vraiment !
http://www.education.gouv.fr/cid88120/reforme-du-college-lettre-de-la-ministre-aux-enseignants.html
Une novlangue que personne ne comprend. © Karen Kubena / MaxPPP
Par Sophie Coignard
Vendredi 17 avril, Najat Vallaud-Belkacem a adressé une lettre aux professeurs de collège (PDF). Elle y vante les mérites de sa réforme tout juste validée par le Conseil supérieur de l'éducation. Elle y déploie cette novlangue qui décrit non pas la réalité mais le monde idéal qu'elle appelle de ses vœux, dans lequel l'euphémisme est roi. Elle vante ainsi l'apprentissage précoce des langues vivantes. Encore que le mot "apprentissage", sûrement considéré comme réactionnaire, est écarté au profit de "véritable diversité linguistique qui commence dès l'école".
Son projet s'appuie sur deux textes officiels. Le premier, le "socle commun de connaissances, de compétences et de culture", publié au JO du 2 avril, évoque avant tout les "compétences", un mot-valise qui veut tout dire donc ne rien dire. Il décrit une sorte d'élève idéal qui comprend, analyse, argumente, se projette, gère, planifie, s'engage dans un dialogue constructif... Oui, tous ces verbes, tous ces termes sont employés comme autant d'incantations. Mais ce n'est rien en comparaison avec le projet de programmes du collège dont la ministre chante les louanges.
Vous adorerez le "duel médié par une balle ou un volant".
En ce qui concerne le contenu "cycle 4", qui va de la cinquième à la troisième, le Conseil supérieur des programmes semble inspiré par les doctrines les plus fumeuses du haut clergé pédagogiste. "L'élève, peut-on lire en page 3, œuvre à la construction de ses compétences." Et voici revenue une vieille rengaine que l'on espérait passée de mode ! L'objectif des langues vivantes ? "Se familiariser avec des mobilités virtuelles, se préparer à des mobilités physiques."
Chaque discipline est ainsi décrite dans un jargon où la vacuité le dispute à la cuistrerie. Le sommet est atteint pour l'éducation physique. Le badminton ou le tennis ne sont jamais nommés, mais on croit les reconnaître derrière l'appellation "duel médié par une balle ou un volant". Dans cet univers délirant, la piscine devient un "milieu aquatique profond standardisé", et l'acrobatie la "construction du projet expressif". Il y a quelques années, l'emploi de "référentiel bondissant" pour désigner un ballon avait provoqué l'hilarité. Cette fois, on a plutôt envie de pleurer.
Relevé aussi cet extrait d'un autre article
Novlangue
Présentés comme "plus simples et plus lisibles", les nouveaux programmes sont surtout, pour leurs nombreux détracteurs, trop simplistes et trop vagues, voire incompréhensibles. Comme relevé par Le Figaro, les futurs élèves du cycle 4 (classes de 5e, 4e et 3e) devront ainsi "produire des messages à l'oral et à l'écrit" en histoire-géographie (quelle différence avec des exposés oraux ou des dissertations ?), ou "traverser l'eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête" dans un "milieu aquatique profond standardisé" en EPS (autrement dit, "nager dans une piscine"). Un jargon obscur, accusé par certains d'avoir été utilisé par le CSP pour noyer le poisson de programmes mal conçus.